1. Audio texte
2. Texte
Aujourd’hui, à l’école, la maîtresse a manqué. Nous étions dans la cour, en rangs, pour entrer
en classe, quand le surveillant nous a dit : «Votre maîtresse est malade, aujourd’hui.»
Et puis, monsieur Dubon, le surveillant, nous a conduits en classe. Le surveillant, on l’appelle
le Bouillon, quand il n’est pas là, bien sûr. On l’appelle comme ça, parce qu’il dit tout le
temps : « Regardez-moi dans les yeux », et dans le bouillon il y a des yeux. Moi non plus je n’
avais pas compris tout de suite, c’est des grands qui me l’ont expliqué. Le Bouillon a une gros
se moustache et il punit souvent, avec lui, il ne faut pas rigoler. C’est pour ça qu’on était embê
tés qu’il vienne nous surveiller, mais, heureusement, en arrivant en classe, il nous a dit : « Je
ne peux pas rester avec vous, je dois travailler avec monsieur le Directeur, alors,
regardez-moi dans les yeux et promettez-moi d’être sages. » Tous nos tas d’yeux ont regardé
dans les siens et on a promis. D’ailleurs, nous sommes toujours assez sages.
Mais il avait l’air de se méfier, le Bouillon, alors, il a demandé qui était le meilleur élève de la
classe. «C’est moi monsieur! » a dit Agnan, tout fier. Et c’est vrai, Agnan c’est le premier de
la classe, c’est aussi le chouchou de la maîtresse et nous on ne l’aime pas trop, mais on ne
peut pas lui taper dessus aussi souvent qu’on le voudrait, à cause de ses lunettes. « Bon, a dit
le Bouillon, tu vas venir t’asseoir à la place de la maîtresse et tu surveilleras tes camarades. Je
reviendrai de temps en temps voir comment les choses se passent. Révisez vos leçons. »
Agnan, tout content, est allé s’asseoir au bureau de la maîtresse et le Bouillon est parti.
«Bien, a dit Agnan, nous devions avoir arithmétique, prenez vos cahiers, nous allons faire un
problème. — T’es pas un peu fou? » a demandé Clotaire. «Clotaire, taisez-vous! » a crié
Agnan, qui avait vraiment l’air de se prendre pour la maîtresse. «Viens me le dire ici, si t’es
un homme!» a dit Clotaire et la porte de la classe s’est ouverte et on a vu entrer le Bouillon
tout content. « Ah! il a dit. J’étais resté derrière la porte pour écouter. VOUS, là-bas,
regardez-moi dans les yeux! » Clotaire a regardé, mais ce qu’il a vu n’a pas eu l’air de lui
faire tellement plaisir. «Vous allez me conjuguer le verbe: je ne dois pas être grossier envers
un camarade qui est chargé de me surveiller et qui veut me faire faire des problèmes
d’arithmétique.» Après avoir dit ça, le Bouillon est sorti, mais il nous a promis qu’il
reviendrait.
Joachim s’est proposé pour guetter le surveillant à la porte, on a été tous d’accord, sauf Agnan
qui criait : « Joachim, à votre place!» Joachim a tiré la langue à Agnan, il s’est assis devant la
porte et il s’est mis à regarder par le trou de la serrure «Il n’y a personne, Joachim? » a
demandé Clotaire. Joachim a répondu qu’il ne voyait rien. Alors, Clotaire s’est levé et il a dit
qu’il allait faire manger son livre d’arithmétique à Agnan, ce qui était vraiment une drôle
d’idée, mais ça n’a pas plu à Agnan qui a crié : «Non! J’ai des lunettes! Tu vas les manger
aussi! » a dit Clotaire, qui voulait absolument qu’Agnan mange quelque chose. Mais
Geoffroy a dit qu’il ne fallait pas perdre de temps avec des bêtises, qu’on ferait mieux de
jouer à la balle. « Et les problèmes, alors? » a demandé Agnan, qui n’avait pas l’air content,
mais nous, on n’a pas fait attention et on a commencé à se faire des passes et c’est drôlement
chouette de jouer entre les bancs. Quand je serai grand, je m’achèterai une classe, rien que
pour jouer dedans. Et puis, on a entendu un cri et on a vu Joachim assis pat terre et qui se
tenait le nez avec les mains. C’était le Bouillon qui venait d’ouvrir la porte et Joachim n’avait
pas dû le voir venir. «Qu’est-ce que tu as?» a demandé le Bouillon tout étonné, mais Joachim
n’a pas répondu, il faisait ouille, ouille, et c’est tout, alors, le Bouillon l’a pris dans ses bras et
l’a emmené dehors. Nous, on a ramassé la balle et on est retournés à nos places. Quand le
Bouillon est revenu avec Joachim qui avait le nez tout gonflé il nous a dit qu’il commençait à
en avoir assez et que si ça continuait on verrait ce qu’on verrait. «Pourquoi ne prenez vous
pas exemple sur votre camarade Agnan? il a demandé, il est sage, lui.» Et le Bouillon est
parti. On a demandé à Joachim ce qu’il lui était arrivé et il nous a répondu qu’il s’était
endormi à force de regarder par le trou de la serrure.
«Un fermier va à la foire, a dit Agnan dans un panier, il a vingt-huit oeufs à cinq cents francs
la douzaine. C’est de ta faute, le coup du nez », a dit Joachim «Ouais! a dit Clotaire, on va lui
faire manger son livre d’arithmétique, avec le fermier, les oeufs et les lunettes! » Agnan,
alors, s’est mis à pleurer. Il nous a dit que nous étions des méchants et qu’il le dirait à ses
parents et qu’ils nous feraient tous renvoyer et le Bouillon a ouvert la porte. On était tous
assis à nos places et on ne disait rien et le Bouillon a regardé Agnan qui pleurait tout seul
assis au bureau de la maîtresse. «Alors quoi, il a dit le Bouillon, c’est vous qui vous dissipez,
maintenant ? Vous allez me rendre fou! Chaque fois que je viens, il y en a un autre qui fait le
pitre! Regardez-moi bien dans les yeux, tous! Si je reviens encore une fois et que je vois
quelque chose d’anormal, je sévirai!» et il est parti de nouveau. Nous, on s’est dit que ce
n’était plus le moment de faire les guignols, parce que le surveillant, quand il n’est pas
content, il donne de drôles de punitions. On ne bougeait pas, on entendait seulement renifler
Agnan et mâcher Alceste, un copain qui mange tout le temps. Et puis, on a entendu un petit
bruit du côté de la porte. On a vu le bouton de porte qui tournait très doucement et puis la
porte a commencé à s’ouvrir petit à petit, en grinçant. Tous, on regardait et on ne respirait pas
souvent, même Alceste s’est arrêté de mâcher. Et, tout d’un coup, il y en a un qui a crié : «
C’est le Bouillon ! » La porte s’est ouverte et le Bouillon est entré, tout rouge. «Qui a dit ça ?»
il a demandé. «C’est Nicolas!» a dit Agnan. «C’est pas vrai, sale menteur!» et c’était vrai que
c’était pas vrai, celui qui avait dit ça, c’était Rufus. «C’est toi! C’est toi! C’est toi!» a crié
Agnan et il s’est mis à pleurer. «Tu seras en retenue! » m’a dit le Bouillon. Alors je me suis
mis à pleurer, j’ai dit que ce n’était pas juste et que je quitterais l’école et qu’on me
regretterait bien. «C’est pas lui, m’sieu, c’est Agnan qui a dit le Bouillon!» a crié Rufus. «Ce
n’est pas moi qui ai dit le Bouillon !» a crié Agnan. «Tu as dit le Bouillon, je t’ai entendu dire
le Bouillon, parfaitement, le Bouillon! – Bon, ça va comme ça, a dit le Bouillon, vous serez
tous en retenue!» « Pourquoi moi? a demandé Alceste. Je n’ai pas dit le Bouillon, moi! » « Je
ne veux plus entendre ce sobriquet ridicule, vous avez compris?» a crié le Bouillon, qui avait
l’air drôlement énervé. «Je ne viendrai pas en retenue!» a crié Agnan et il s’est roulé par terre
en pleurant et il avait des hoquets et il est devenu tout rouge et puis tout bleu. En classe, à peu
près tout le monde criait ou pleurait, j’ai cru que le Bouillon allait s’y mettre aussi, quand le
Directeur est entré. « Que se passe-t-il, le Bouil… Monsieur Dubon? » il a demandé, le
Directeur. «Je ne sais plus, monsieur le Directeur, a répondu le Bouillon, il y en a un qui se
roule par terre, un autre qui saigne du nez quand j’ouvre la porte, le reste qui hurle, je n’ai
jamais vu ça! Jamais» et le Bouillon se passait la main dans les cheveux et sa moustache
bougeait dans tous les sens.
Le lendemain, la maîtresse est revenue, mais le Bouillon a manqué.
3. Exercices
- Questions
- Quiz 1
- Quiz 2
Pour vérifier que vous avez bien compris la lecture, une fois que vous aurez bien lu et écouté ce chapitre, répondez aux questions suivantes.
- Pourquoi est-ce que M. Dubon (le Bouillon) surveille la classe de Nicolas aujourd’hui?
- Qui a-t-il mis à la place de la maîtresse et pourquoi?
- Que Nicolas achètera-t-il quand il sera grand et pourquoi?
- Pourquoi le Bouillon dit-il que les enfants seront tous en retenue?
- Selon vous, pourquoi le Bouillon a-t-il manqué l’école le lendemain?
- Expliquez le surnom «le Bouillon».